Martinique sous les tirs – Le silence assourdissant face à la terreur

Il est temps de rompre le silence. En Martinique, la vague de violence armée, loin d’être un simple fait divers, est une crise majeure qui mine notre quotidien et menace l’avenir même de notre île. Nous assistons, impuissants, à une escalade des règlements de comptes, à l’emprise grandissante des bandes organisées et à la propagation d’une terreur qui paralyse notre société.

Chaque semaine apporte son lot de sang, de deuils, et d’une angoisse lancinante qui s’installe dans les foyers. Les chiffres sont glaçants. Au 18 septembre 2025, notre île a déjà enregistré 27 homicides, dont 22 par arme à feu. Ces victimes ne sont pas que des statistiques; ce sont nos frères, nos sœurs, nos enfants, arrachés à la vie dans une violence inouïe.

Une violence disproportionnée, un sentiment d’abandon

Pour prendre la pleine mesure de cette tragédie, il est indispensable de la rapporter à l’échelle nationale.

Avec une population d’environ 350 000 habitants, les 27 homicides enregistrés en Martinique depuis le début de l’année 2025 correspondent à un taux de criminalité que l’Hexagone n’a jamais connu. Si l’on rapportait ce nombre à la population de la France métropolitaine (environ 68 millions d’habitants), on atteindrait l’équivalent de plus de 5 200 homicides en l’espace de seulement neuf mois. Ce ratio est celui d’une île en guerre.

L’impasse de l’inaction : l’absence d’une politique sécuritaire globale

Face à cette hémorragie, l’absence d’une politique sécuritaire ambitieuse et globale est la première des dénonciations.

  1. Le flux d’armes illégales : Le cœur du problème réside dans la libre circulation des armes de guerre et de poing qui inondent l’île. C’est l’oxygène des réseaux criminels. Sans un renforcement massif des moyens de surveillance maritime et aérienne, et sans une coopération régionale accrue, il sera impossible de tarir cette source de violence.
  2. La réponse pénale : Les bandes organisées, souvent liées au trafic de stupéfiants, agissent avec une impunité ressentie par la population. La justice doit disposer de moyens d’enquête et de répression à la hauteur de cette criminalité structurée. Il ne suffit plus d’interpeller, il faut démanteler les filières, confisquer les avoirs criminels, et décapiter les réseaux.
  3. La prévention et l’éducation : L’État ne peut se contenter d’une approche purement répressive. Il est urgent d’investir massivement dans la jeunesse, les quartiers défavorisés, et l’éducation pour offrir des perspectives et déconstruire l’attrait du crime organisé. La sécurité est aussi sociale et économique.

Refuser de chercher des boucs émissaires

Dans ce contexte tendu, nous rejetons fermement toute tentative de l’État, y compris celle du représentant local, d’accuser nos voisins de Sainte-Lucie ou de la Dominique d’être la source unique de nos maux. Si la coopération régionale est indispensable pour tarir les trafics, désigner l’étranger comme seul responsable est une dangereuse diversion. C’est une manière facile de masquer les défaillances intérieures et l’incapacité à contrôler nos propres frontières maritimes et à lutter efficacement contre la pauvreté et les réseaux criminels qui ont prospéré sur notre propre sol. La solution ne viendra pas en pointant du doigt, mais en assumant enfin la responsabilité de notre sécurité.

Bâtir un bouclier caribéen par la coopération

Face à une criminalité qui ne connaît pas les frontières, la Martinique doit, comme l’exhorte Kamal Valcin et d’autres voix avisées, ériger un bouclier régional par une coopération sans précédent. Les organisations criminelles profitent de la fluidité des mers et des failles administratives pour faire transiter armes et stupéfiants. Pour gagner cette guerre, la France, à travers la Martinique, doit investir dans le renseignement transfrontalier, la coordination policière et judiciaire avec Sainte-Lucie, la Dominique et les autres îles de l’arc. Seule une réponse coordonnée, forte et mutuelle permettra de stopper ces trafics. La sécurité de la Martinique passe par la sécurité de la Caraïbe, et le temps des actions isolées doit définitivement prendre fin.

Un appel à l’engagement national

La Martinique est un territoire de la République. La République ne peut pas accepter que l’un de ses territoires soit sous le joug de la terreur des armes.

Nous demandons solennellement :

  • L’établissement immédiat d’un plan d’urgence sécuritaire à la hauteur de l’enjeu, incluant un renfort pérenne des effectifs de police et de gendarmerie, ainsi que des moyens d’investigation spécialisés.
  • Un engagement sans faille contre le trafic d’armes et de drogue, avec des moyens de l’État (Douanes, Marine Nationale) concentrés sur la lutte contre ces filières caribéennes.
  • Une concertation profonde et urgente avec les élus locaux et les acteurs de la société civile pour bâtir une stratégie de long terme mêlant répression et prévention.

Nous ne sommes pas condamnés à vivre sous la peur. L’heure n’est plus aux déclarations de circonstance, mais à l’action concrète et rapide. La Martinique a besoin de retrouver la paix, et ses citoyens ont droit à la sécurité, comme n’importe quel autre Français. Il en va de l’honneur de la République

Kamal VALCIN & Alizée BALTUS – Citoyens engagés.
Soyons UTILES pour notre pays