
La prolifération des enseignes de fast-food dans les milieux populaires d’Outre-mer est un enjeu de santé publique majeur, s’apparentant à une véritable « dictature » alimentaire, particulièrement néfaste pour les populations déjà fragilisées. Cette invasion de la malbouffe est directement corrélée à l’explosion des maladies chroniques, menaçant la santé des Ultramarins et leur patrimoine culturel.
Un Impact Dévastateur sur la Santé
Les départements et collectivités d’Outre-mer affichent des statistiques alarmantes en matière de santé, souvent bien supérieures à celles de l’Hexagone.
- Surpoids et Obésité : La prévalence du surpoids et de l’obésité est plus élevée. À La Réunion, près de 44 % de la population est en surpoids ou obèse. En Martinique et en Guadeloupe, plus d’un habitant sur deux est concerné.
- Diabète et Hypertension : Ces territoires connaissent une prévalence du diabète et de l’hypertension artérielle beaucoup plus forte. La Réunion enregistre le taux de diabète le plus élevé de France (10 %). En Martinique, la part de diabétiques est deux fois plus importante qu’en métropole. Ces pathologies sont intimement liées à une alimentation trop riche en gras, en sucre et en sel, caractéristiques des produits ultra-transformés et des fast-foods.
- Facteurs Socio-économiques : Dans un contexte de précarité accrue, ces aliments, souvent perçus comme une option rapide et économique, deviennent la norme au détriment de l’alimentation traditionnelle et plus équilibrée. Le marketing agressif ciblant ces populations défavorisées exacerbe le problème, rendant cette « colonisation alimentaire » particulièrement insidieuse.
Quid des Alternatives à Privilégier : Valoriser le Local
Pour contrer cette tendance dangereuse, il est impératif d’agir sur l’offre alimentaire et de renforcer la résilience alimentaire locale.
- Valorisation de la Cuisine Traditionnelle : L’Outre-mer dispose d’une richesse culinaire basée sur les produits locaux (fruits, légumes, légumineuses, poissons) et des méthodes de cuisson saines. Des initiatives comme le collectif « Goutanou » à La Réunion, « Tanbou Soup à Bellefontaine » en Martinique, luttent pour la défense et la promotion de la cuisine créole, emblème d’une alimentation saine et culturelle.
- Action : Intégrer la cuisine traditionnelle dans les cantines scolaires et les restaurations collectives, soutenir les marchés locaux et l’agro-écologie.
- Soutien aux Circuits Courts et aux Produits Sains : Favoriser la production et la distribution de fruits et légumes frais, souvent sous-consommés dans ces territoires.
- Action : Subventionner (POSEI*) les produits locaux sains pour les rendre plus accessibles en prix que la malbouffe importée, notamment dans les quartiers populaires. Encourager les systèmes de type AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) ou la création de coopératives alimentaires.
- Éducation et Prévention : Mettre en place des campagnes de santé publique adaptées aux réalités culturelles ultramarines, pour informer sur les dangers de la malbouffe et les bienfaits des aliments locaux.
- Action : Adapter le programme national de nutrition-santé (PNNS Outre-mer) aux spécificités locales, en insistant sur la consommation de fibres et la réduction des boissons industrielles sucrées. Appliquer une taxe spécifique sur les boissons à haute teneur en sucre afin de limiter leur consommation. Enfin, une application stricte de la loi dite « Lurel », adoptée en 2013, vise à garantir que la quantité de sucres ajoutés dans les produits vendus dans les territoires ultra-marins ne soit pas supérieure à celle des produits mis sur le marché dans l’Hexagone.
En luttant contre cette emprise des fast-foods et en réhabilitant les savoir-faire et les produits locaux, nous pouvons reprendre le contrôle de notre alimentation, en garantissant un meilleur avenir sanitaire et social pour nos populations.
Kamal VALCIN & Alizée BALTUS – Citoyens engagés.
Soyons UTILES pour notre pays