L’Abolition de l’Esclavage en France : Une Mémoire Vive, Un Combat Continu

Chaque année, la France se penche sur son passé pour commémorer l’abolition de l’esclavage, un acte fondateur qui a marqué la fin d’une barbarie institutionnalisée. Mais au-delà de la simple commémoration, il est crucial de se demander : que signifie réellement cette mémoire aujourd’hui ? Comment honorer dignement ceux qui ont souffert et se sont battus pour leur liberté, tout en construisant une société plus juste ?

L’histoire de l’esclavage en France est complexe et douloureuse. Elle est faite de deux abolitions : la première en 1794, fruit de l’idéal révolutionnaire et de la révolte des esclaves à Saint-Domingue, mais malheureusement de courte durée, l’esclavage ayant été rétabli par Napoléon en 1802. La seconde, définitive, intervient en 1848, sous la pression des esclaves et « l’impulsion de Victor Schoelcher ». Ces dates ne sont pas de simples repères chronologiques ; elles incarnent des luttes acharnées, des souffrances indicibles et des victoires arrachées de haute lutte.

La commémoration de ces abolitions, notamment la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions le 10 mai, est essentielle. Elle permet de rappeler l’horreur de l’esclavage, de reconnaître l’humanité bafouée des millions d’individus déportés et asservis, et de rendre hommage à leur résilience. C’est aussi l’occasion de souligner le rôle des abolitionnistes, mais surtout celui des esclaves eux-mêmes, qui, par leurs révoltes, leurs résistances et leur quête inlassable de dignité, ont été les premiers artisans de leur libération.

Cependant, la commémoration ne doit pas se limiter à un exercice de mémoire. Elle doit être un levier pour la réflexion et l’action. L’héritage de l’esclavage, bien que lointain pour certains, continue d’influencer nos sociétés. Les discriminations, les inégalités, et même certaines représentations stéréotypées trouvent parfois leurs racines dans les idéologies de l’époque coloniale et esclavagiste. Comprendre ce passé nous aide à déconstruire les préjugés et à lutter contre toutes les formes de racisme et d’intolérance qui persistent.

La France, en tant que nation, porte une responsabilité historique. Reconnaître pleinement cette histoire, y compris ses parts sombres, est une démarche de courage et d’humilité. Cela implique non seulement d’enseigner l’histoire de l’esclavage de manière exhaustive et nuancée, mais aussi de promouvoir des initiatives culturelles et artistiques qui donnent voix aux mémoires plurielles. C’est en faisant face à notre passé que nous pouvons construire un avenir plus inclusif.

En fin de compte, commémorer l’abolition de l’esclavage, c’est bien plus que se souvenir. C’est affirmer notre engagement pour la liberté, l’égalité et la fraternité. C’est rappeler que la vigilance est constante face aux injustices et aux nouvelles formes de servitudes. C’est, enfin, une invitation à poursuivre le combat pour un monde où chaque individu est reconnu dans sa pleine dignité, libre de toute chaîne, visible ou invisible.

Kamal VALCIN & Alizée BALTUS – Citoyens engagés.
Soyons UTILES pour notre pays