
À nos dirigeants et responsables politiques, j’attire l’attention sur une réalité criante et alarmante. Plus de 5 000 répliques ! Ce chiffre, rapporté récemment par l’OVSM, n’est pas une simple statistique. Il est le pouls affolé d’un territoire qui danse sur un baril de poudre. L’état de vigilance (actuellement Jaune) et la surveillance par l’Observatoire Volcanologique et Sismologique de Martinique (OVSM) sont constants, mais face à une telle séquence de microséismes, la question de l’impréparation de la Martinique est légitime et cruciale.
La Montagne Pelée est vivante et instable. Un volcan classé parmi les plus dangereux du monde, nous rappelle sa menace constante par une activité sismique accrue qui met sous tension des milliers d’habitants du Nord. Face à cette réalité, la Martinique est en état de vulnérabilité critique, minée par une gestion du risque qui navigue entre lenteur administrative et déficit de coordination politique et régionale. Nous ne sommes pas prêts.
1. Le Piège de l’Oubli et de l’Urbanisme
La première faille est culturelle. La tragédie de 1902, avec ses 30 000 morts, est reléguée au rang de mythe au lieu d’être une leçon quotidienne.
- Faible Culture du Risque : Malgré les efforts louables d’information (exercices, DICRIM), une grande partie de la population exposée ne maîtrise pas les gestes qui sauvent, ni la localisation exacte des zones de repli ou les voies d’évacuation en cas de passage rapide au niveau d’alerte supérieur.
- Urbanisation Non Maîtrisée : Des milliers de personnes vivent dans des zones à très fort aléa (coulées pyroclastiques, lahars). Les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN), souvent complexes et sujets à controverses, peinent à être appliqués avec la rigueur nécessaire pour inverser cette tendance dangereuse. Le développement continue là où il devrait être restreint, hypothèque de vies humaines.
2. Le Défi Logistique d’une Évacuation Massive
L’évacuation de la zone Nord en cas de crise majeure (niveau rouge) représente un défi logistique d’une ampleur presque insurmontable.
- Surcharge du Sud : Le Plan de Secours Spécialisé Volcan prévoit le déplacement de dizaines de milliers de personnes vers les zones Centre et Sud. Ces zones sont déjà saturées et manquent cruellement d’infrastructures d’accueil résilientes (hébergements collectifs, réseaux d’eau et d’électricité secondaires) capables de soutenir une population accrue sur une durée indéterminée.
- Voies d’Accès et de Repli : La résilience des infrastructures routières est elle-même précaire face à un séisme ou aux lahars. Des milliers de personnes seront dépendantes d’un nombre limité de routes, susceptibles d’être coupées ou engorgées.
3. L’Absence Criante de Coordination Politique et Régionale
La préparation face aux risques majeurs est une responsabilité partagée entre l’État, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) et les municipalités. Or, l’action est trop souvent ralentie par un manque de synergie :
- Bataille de Compétences : Les politiques de prévention sont éclatées. L’État délivre les autorisations et gère les plans d’urgence (ORSEC), tandis que la CTM et les communes gèrent l’aménagement et le social. Cette fragmentation des pouvoirs mène à des délais et à un pilotage inégal entre les communes.
- Isolation Régionale : L’urgence de la situation impose une vision caribéenne. En cas de catastrophe, l’aide de la Guadeloupe et des pays voisins est vitale. Malgré l’existence de dispositifs comme la PIRAC (Croix-Rouge) ou INTERREG, la coordination des plans d’urgence inter-îles est loin d’être optimale. Il faut des protocoles clairs, des moyens mutualisés (navires, avions, abris) et des exercices conjoints avec nos voisins, non pas pour l’aide post-crise, mais pour la pré-positionnement des secours et l’évacuation.
Urgence : Cesser de Subir, Commencer à Agir
Je rappelle, chaque secousse sous la Montagne Pelée doit être un signal d’alarme. L’impréparation n’est pas une fatalité, mais un choix politique par défaut qui met en danger des vies. Il est temps d’exiger :
- Une revitalisation de la culture du risque par des exercices d’évacuation obligatoires et à grande échelle, impliquant tous les acteurs (école, entreprises, collectivités).
- Des investissements massifs et rapides dans la résilience de l’arrière-pays (renforcement des abris, sécurisation des réseaux vitaux).
- L’établissement de partenariats régionaux contraignants avec les îles voisines pour garantir une aide logistique immédiate et coordonnée.
- Une chaîne de commandement unifiée et dépolitisée en période de crise, pour des décisions rapides et efficaces.
La Martinique a la connaissance du risque. Elle doit maintenant trouver le courage politique de s’y préparer, avant qu’il ne soit trop tard. Combien de secousses nous faudra-t-il pour nous réveiller ?
Kamal VALCIN & Alizée BALTUS – Citoyens engagés.
Soyons UTILES pour notre pays
Il serait temps de faire un sondage a grande échelle pour que chaque famille du sud puisse dire combien de personnes rlle serait prête à accueillir si la montagne entrait en éruption.
C’est une excellente initiative…Bon courage pour la suite.