
TRIBUNE POLITIQUE
En ce jour, nous, citoyennes et citoyens engagés pour la justice, la dignité humaine et la reconnaissance des mémoires, nous nous unissons pour exiger l’abrogation formelle du Code Noir, ce texte juridique promulgué en 1685, qui demeure l’un des symboles les plus marquants de la traite négrière et de l’oppression coloniale.
Le Code Noir, infâme ordonnance royale rédigée sous l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert, a institué un système d’oppression des personnes réduites en esclavage. Il a privé des générations entières d’êtres humains de leurs droits les plus fondamentaux, les réduisant à de simples biens meubles, niant leur humanité, leur dignité, leur liberté. Loin d’être une simple relique oubliée, ce texte abject hante encore notre conscience collective et projette une ombre persistante sur notre présent.
Il est sidérant de constater qu’à ce jour, la France n’a jamais formellement abrogé le Code Noir. Certes, l’esclavage a été aboli en 1848, mais le texte même qui l’a codifié, qui a légalisé l’inhumanité, n’a jamais été explicitement révoqué. Cette absence d’abrogation officielle n’est pas une simple omission administrative ; elle constitue un silence assourdissant, une tache persistante sur le récit national, un mépris manifeste envers les descendants des victimes de la traite et de l’esclavage.
Comment la patrie des Droits de l’Homme peut-elle tolérer qu’un texte niant l’humanité d’une partie de son histoire subsiste, même symboliquement ? Ce silence en dit long sur la difficulté, voire la réticence, à affronter les pages les plus sombres de notre passé colonial. Il perpétue une forme d’amnésie collective, un déni historique, un refus d’affronter la violence systémique qu’a engendrée ce code.
Aujourd’hui, il est impératif de briser ce silence. Nous saluons l’initiative des députés de Guadeloupe, Olivier Serva et Max Mathiasin, qui ont interpellé le gouvernement sur cette question cruciale. Leur intervention, saluée par une ovation de l’Assemblée nationale, marque un tournant décisif vers la reconnaissance de cette mémoire douloureuse. Mais surtout, nous soulignons l’intervention décisive de Laurent Panifous, Président du groupe LIOT, qui a porté cette demande d’abrogation du Code Noir dans l’hémicycle, interpellant directement le gouvernement. Ce geste fort témoigne d’un engagement politique clair pour une reconnaissance des mémoires et une justice réparatrice.
Il est temps que la France assume pleinement son histoire, qu’elle reconnaisse l’horreur du Code Noir et sa responsabilité dans les souffrances indicibles qu’il a causées. Cela exige une abrogation formelle, claire et sans équivoque de ce texte.
Nous appelons le Premier ministre à respecter son engagement et à présenter, dans les plus brefs délais, un texte d’abrogation définitif du Code Noir. Cette abrogation devra s’accompagner d’un véritable programme de justice réparatrice, incluant :
• La reconnaissance solennelle des préjudices historiques subis par les descendants des esclaves.
• La création d’une Commission nationale pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, indépendante, dotée de moyens réels.
• La mise en place de programmes éducatifs ambitieux, intégrant pleinement cette histoire dans les programmes et manuels scolaires.
• La préservation et la valorisation des archives historiques relatives à la traite négrière, à l’esclavage et à la colonisation.
• L’inscription de la date d’abolition de l’esclavage comme jour férié national, dans toute la France hexagonale, à l’instar des territoires ultramarins qui honorent chaque année cette mémoire.
• La prise en charge par l’État du titrement des indivisions foncières de grande taille, souvent dépourvues de titre, notamment dans les territoires d’Outre-mer. Ce désordre foncier, en grande partie hérité de l’après-esclavage, trouve son origine dans un fait historique singulier : l’auteur du crime contre l’humanité, en l’occurrence l’esclavage, n’a pas été puni mais indemnisé par l’État. Cette anomalie légale est à la source de blocages fonciers majeurs, qu’il est urgent de résoudre en accompagnant les familles, avec le soutien des Archives nationales, dans la régularisation de leurs terres.
• L’instauration d’un droit dérogatoire pour les Français descendants d’esclaves permettant de réaliser, avec un financement public, un test ADN afin de retrouver leurs origines précoloniales, ainsi qu’un accompagnement personnalisé pour établir leur arbre généalogique à partir des archives. Car oui, nous avons le droit de savoir. Ce droit à la mémoire individuelle est une composante essentielle de la réparation symbolique et identitaire.
L’heure est venue pour la France de faire preuve de courage, de lucidité et d’humilité. L’abrogation du Code Noir n’est pas seulement un geste symbolique ni une simple dette morale envers les victimes de l’esclavage et leurs descendants : elle est un impératif historique pour une nation qui prétend incarner les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité.
Il est temps de tourner la page — non pas en l’effaçant, mais en la reconnaissant pleinement, avec honnêteté, justice et repentance.
Nous appelons l’ensemble des citoyens, des associations, des élus, des institutions et des forces vives de la société à se mobiliser pour soutenir cette démarche de justice, de mémoire et de dignité humaine.
Signataires & Contact Presse :
Ultramarins Doubout Président : André BAZIN – ultramarinsdoubout@gmail.com
UTILES Edwin PHAETON (Collaborateur d’Olivier Serva) – edwin.phaeton@clb-an.fr
Kamal VALCIN (Écrivain, Chef d’entreprise, Homme politique) – kamalvalcin@free.fr
Alizée BALTUS – Alizee.baltus@outlook.fr
Aude Goussard – Militante politique engagée
Gilles DEGRAS – Bondamanjak
Club Évasion Outre-mer Représentant : Jean-Philippe JEANVILLE – clubevasionoutremer@gmail.com
COAADEP Représentants : Lilith et Chacha – Lilith.chacha.n.cie@gmail.com et collectifouvriersagricolesmq@gmail.com
Karayib Rassemblement – caraiberassemblement@gmail.com
Le Collectif des Luttes Sociales et Environnementales (CLSE) Représentant : Mme Priscillia LUDOSKY – lsecollectif@gmail.com
R.P.P.R.A.C France Représentant : Mme Laura MONLOUIS-BONNAIRE – rpprac.france@gmail.com
Synergie Outre-mer Représentant : Mme Jacqueline BONNET – synergie.outremer@gmail.com
SYFOM Représentant : Eddy CYRILLA – eddycyrilla@yahoo.fr
Terracitoyens Représentant : Rudy LOUIS-PHILIPPE – rudy.louisphilippe@terracitoyens.com
France Pluri’Ailes – Représentant : Zoubida BAHA – france.pluriailes@gmail.com
Arts et Communication du monde – Représentant : Johan GIRAUD-GIRARD -johangiraudgirard@gmail.com
Sonjé Représentant : Guilaine MONDOR – sonjesaintdenis93@gmail.com
UPIACO Représentant : Marie-France TENITRI – upiaco.asso@gmail.com