Quand la fidélité en Christ ne se traduit pas dans les affaires.

La communauté protestante évangélique est souvent mise en avant pour sa solidarité, ses valeurs fortes et l’importance qu’elle accorde à la fraternité. Cependant, il est un domaine où cette belle théorie semble s’effriter : celui des affaires et de l’entrepreneuriat. Un constat amer s’impose : de nombreux fidèles préfèrent se tourner vers des entreprises « du monde » plutôt que de soutenir les initiatives de leurs propres frères et sœurs en Christ.

Ce paradoxe est d’autant plus frappant que la Bible encourage à la fois la charité et le soutien mutuel. L’Épître aux Galates (6:10) ne dit-elle pas : « Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi » ? Cet appel à la solidarité s’étend bien au-delà des dîmes et des actions de bénévolat. Il concerne également notre manière de consommer et de soutenir l’économie au sein de notre propre communauté.

Un manque de valorisation et de confiance

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque de soutien. Il y a, d’abord, une question de confiance. Certains fidèles peuvent avoir le sentiment que les entreprises de leurs coreligionnaires manquent de professionnalisme ou ne sont pas compétitives face aux géants du marché. Cette perception, si elle est parfois justifiée, n’en reste pas moins un frein majeur. Elle dénote un manque de valorisation du travail et des compétences de ceux qui partagent notre foi.

Ensuite, il y a la question du prix. La tentation de chercher le meilleur marché est forte, et les entreprises chrétiennes, souvent des PME ou des entrepreneurs individuels, ne peuvent pas toujours s’aligner sur les prix agressifs des grandes corporations. Mais l’engagement de notre communauté ne devrait-il pas se mesurer à un autre étalon ? Soutenir une entreprise chrétienne, c’est investir dans des valeurs, dans un projet qui peut à son tour bénir d’autres personnes.

L’Église, un écosystème à part entière

Il est temps de se réveiller et de voir l’Église non seulement comme un lieu de culte, mais aussi comme un véritable écosystème économique et social. Encourager les entrepreneurs de nos assemblées, c’est bien plus que faire un simple achat. C’est :

  • Investir dans des valeurs éthiques : Les entrepreneurs chrétiens sont souvent animés par une éthique de travail et des principes bibliques (justice, honnêteté, intégrité). En les soutenant, nous contribuons à la diffusion de ces valeurs dans le monde des affaires.
  • Créer de l’emploi : Une entreprise qui prospère au sein de la communauté peut embaucher d’autres fidèles, offrant ainsi des opportunités professionnelles à ceux qui peinent à en trouver dans un marché du travail parfois hostile.
  • Favoriser le cercle vertueux de la bénédiction : Les revenus générés peuvent permettre à l’entrepreneur de donner plus généreusement à l’Église et de soutenir des œuvres missionnaires ou sociales.

Il ne s’agit pas de prôner un communautarisme exclusif, mais de rappeler l’importance de la fidélité au sein de notre propre « famille spirituelle ». Le monde a déjà assez de ses propres mécanismes. Les chrétiens sont appelés à une plus grande solidarité, à se soutenir mutuellement pour construire ensemble un témoignage fort.

Aux fidèles, interrogez-vous : qui soutenez-vous vraiment par vos achats ? Aux entrepreneurs, ayez le courage de vous faire connaître et de proposer l’excellence dans vos services. L’Église est une force, y compris sur le plan économique. Il ne tient qu’à nous de la révéler

Kamal VALCIN – Citoyens engagés.
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