L’Aberration Douanière : Quand la France Taxe Ses Propres Territoires

Il est une singularité économique qui, à l’ère de la mondialisation et de la libre circulation des biens, continue de jeter une ombre incompréhensible sur les relations entre la France métropolitaine et ses territoires d’outre-mer. Je parle ici des taxes douanières qui frappent les marchandises circulantes entre ces entités, pourtant toutes sous la même souveraineté française. Une aberration économique, sociale et même philosophique qu’il est grand temps de dénoncer et d’abolir.

Comment justifier qu’un produit fabriqué en Bretagne ou en Nouvelle-Aquitaine soit taxé à son arrivée en Guadeloupe, à La Réunion, en Martinique ou en Guyane, comme s’il s’agissait d’une importation étrangère ? Et réciproquement, pourquoi les trésors de nos outre-mer – fruits exotiques, rhum, vanille – sont-ils soumis à des droits de douane lorsqu’ils atteignent les côtes hexagonales ? Cette situation est non seulement paradoxale, mais elle est surtout profondément inéquitable et contre-productive.

Sur le plan économique, ces taxes représentent un frein majeur au développement des territoires ultramarins. Elles renchérissent artificiellement le coût de la vie pour les habitants, déjà confrontés à des défis structurels spécifiques. Les produits de première nécessité, les équipements, les matériaux de construction, tout est impacté, contribuant à une inflation subie qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Pour les entreprises locales, c’est une double peine : elles importent plus cher leurs intrants et voient leurs exportations vers l’Hexagone pénalisées, réduisant leur compétitivité et leur capacité à se développer et à créer des emplois.

Cette taxation interne entrave également la fluidité des échanges et l’intégration économique. Elle crée des barrières là où il devrait y avoir une circulation libre et facilitée. Comment parler d’unité nationale et de solidarité quand des obstacles fiscaux s’interposent entre des régions d’un même pays ? Cela va à l’encontre de la logique même du marché unique européen, dont la France est un pilier, et dont les principes devraient s’appliquer pleinement à l’ensemble du territoire français, y compris ses composantes ultramarines.

Certains avancent l’argument de la protection des productions locales. Mais cette protection, si elle est jugée nécessaire, devrait s’opérer par des mécanismes plus ciblés et transparents, tels que des subventions directes ou des mesures de soutien à l’innovation, plutôt que par des taxes généralisées qui pénalisent l’ensemble des consommateurs et des acteurs économiques. De plus, les économies ultramarines ont besoin d’ouverture et d’échanges pour se moderniser et diversifier leurs activités, et non d’un protectionnisme obsolète qui les isole.

L’abolition de ces taxes douanières serait un signal fort envoyé aux habitants et aux entreprises des outre-mer. Ce serait une reconnaissance concrète de leur pleine appartenance à la République et un engagement véritable en faveur de leur développement. Cela permettrait une baisse mécanique des prix, un coup de pouce significatif au pouvoir d’achat, et une meilleure intégration des marchés ultramarins au marché national.

Il est temps de dépasser les archaïsmes administratifs et fiscaux. La France doit enfin traiter ses territoires d’outre-mer non pas comme des entités lointaines nécessitant des régulations douanières, mais comme des régions à part entière, pleinement intégrées, avec les mêmes droits et les mêmes facilités de circulation des biens que n’importe quel département métropolitain. L’abolition de cette taxe douanière n’est pas une simple mesure technique ; c’est un acte de justice, de cohérence et de vision pour une France unie et prospère dans toutes ses dimensions.

Kamal VALCIN & Alizée BALTUS – Citoyens engagés.
Soyons UTILES pour notre pays